Soutenance de thèse: Laure Baglinière
La thèse, intitulée Repenser l'encadrement juridique de la médiation extrajudiciaire au prisme de la relation de soin : perspective franco-québécoise porte sur la médiation en santé dans une perspective comparée France-Québec. En voici le résumé:
La médiation présente un fort potentiel dans la régulation des rapports entre patients et professionnels de santé et de nombreux bénéfices dans le domaine de la santé lequel se prête aisément à la mise en oeuvre des modes amiables de règlement des différends. L'utilisation marginale de la médiation en santé invite alors à considérer les facteurs juridiques susceptibles de l'expliquer. Ce travail visait donc à déterminer, le cadre juridique optimal susceptible de favoriser le recours - ou promouvoir le développement - de la médiation extrajudiciaire dans les différends nés de la relation de soin. L'hypothèse étant que la faible efficacité incitative des législations applicables à la médiation en santé représente un facteur dissuasif à son utilisation, cette efficacité étant tributaire du degré d'adaptation de ces législations à la nature spécifique des différends en santé. Le travail s'appuie sur une analyse comparative franco-québécoise, le Québec et la France étant tous deux au diapason s'agissant d'encourager le recours à la médiation. Un cadre d'analyse pour juger de l'adéquation des législations québécoise et française applicables à la médiation en santé aux différends nés de la relation de soin a d'abord été dégagé de l'étude de la singularité de ces différends. La comparaison des corpus juridiques québécois et français a ensuite montré des différences dans l'appréhension de la médiation mais également des similarités notamment s'agissant des difficultés concernant son implantation dans le champ de la santé. Les démarches faites pour les surmonter à la fois se rejoignent et diffèrent puisqu'elles dépendent de deux paramètres : assurer un environnement favorable au recours et structurer les conditions de la fonction de médiation. Ainsi, l'environnement juridique, à la fois conceptuel et axé sur l'information, l'accompagnement et l'accessibilité des justiciables, et la formation des acteurs de la médiation en santé sont donc cruciaux pour son avenir dans le champ de la santé. En prenant appui sur les forces des cadres juridiques québécois et français, le modèle de référence de la médiation en santé proposé s'inscrit, d'abord, dans un cadre global plus large visant à insuffler une véritable culture de médiation. Ensuite, il repose sur une approche pragmatique et donc sur une conception de la médiation en santé « hybride » qui se détache de la définition communément adoptée par la doctrine. Ce cadre référence propose de renouveler le champ d'application de la médiation par une approche centrée sur le concept de qualité et de sécurité de soins. Le potentiel de la médiation dans l'amélioration de la qualité et de la sécurité de soins est sûrement l'élément clé qui fonde la spécificité de cette médiation et sur lequel il conviendrait de davantage insister en tant que finalité explicite de cette médiation. La médiation en santé pourrait ainsi bénéficier d'un ancrage pérenne et s'insérer plus aisément dans le répertoire des pratiques institutionnelles. Par ailleurs, en tant qu'instrument au service de l'amélioration de la qualité de soins et de prévention des erreurs médicales, la médiation n'est plus seulement un instrument « curatif » de gestion de crise. Elle offre plutôt un panel d'options permettant de répondre à l'extrême diversité des besoins des parties au différend né de la relation de soin. Au travers de cette étude, nous montrons in fine l'existence d'un besoin accru de médiation au sein des deux systèmes de santé et de quelle manière le droit peut constituer un moteur essentiel pour promouvoir un certain modèle de médiation en santé et favoriser ou non son recours.
Félicitations, Laure!